Voiliers de travail du monde
Fune
la construction navale au japon : fune ou bune
article de l'amiral Pâris (Revue Maritime et Coloniale, 1875).
les deux termes génériques les plus communs pour désigner un bateau au Japon sont fune et bune. Il existe en outre quelques variantes
secondaires : bunney, funé, fnee, funce, funea. Ces termes sont placés après le nom spécifique (exemple : ami-bune).
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Quoique les Européens ne trouvent plus rien à imiter dans les constructions
maritimes étrangères aux leurs, et surtout dans celles des Japonais, il est de quelque
intérêt pour les lecteurs de la Revue de connaître les bizarreries des navires de ce
peuple, si longtemps séparé du reste du monde et vivant tranquille de ce qu'il tenait
de l'industrie de ses pères, sans avoir rien. à envier aux autres pays.
Les bateaux japonais ne ressemblent ni à nos beaux el grands navires, ni aux pirogues
des sauvages dénués de métaux ; ils se placent pour ainsi dire en intermédiaires et,-
retenus sur leurs côtes par les lois de leur pays, ils sont seulement assortis aux
localités qu'ils fréquentent, mais incapables de parcourir toutes les mers.
Les caractères principaux de leur construction consistent :
1° Dans l'absence absolue de bois croisés, comme nos couples et nos bordages.
Tout le navire n'est qu'une réunion de planches juxtaposées plat sur plat, avec les
bouts taillés en coin; et ces planches sont unies par une multitude de crampes et de
longs clous enfoncés dans tous les sens et à pointe rabattue. Cependant le climat ne
donne que des bois faciles à fendre, tels que le cèdre et le sapin ;
2° absence de quille; la base de la construction étant une large plate-forme en deux
couches de planches;
3° carène à formes angulaires, au lieu de nos courbes arrondies ;
4° maître-bau situé très en arrière ;
5° étrave très-élancée. Ces deux caractères se retrouvent en Chine , en Arabie ainsi
que dans les vieilles constructions de l'Europe. Il en est de même de l'élévation
exagérée de l'arrière;
6° gouvernail sans ferrures, sorte de grand aviron jouant dans un arrière ouvert. Le
gouvernail tournant sur ses gonds semble être une invention européenne;
7° galeries latérales plus ou moins saillantes;
8° mât situé très en arrière;
9° absence complète de haubans pour soutenir le mât qui, forme de planches unies
Par des cercles et serrées par des coins, présente une longue pyramide
quadrangulaire;
10° voile carrée, formée de laizes transfilées entre elles, mais non cousues, ayant
chacune leur écoute sur le fond, et des sortes de boulines de l'arrière comme de
l'avant, mais pas d'amure;
11° absence de cargues et de ris, comme dans tous les pays hors d'Europe. La
manière de réduire la surface des voiles en .attachant la toile autour de la vergue ou
de la ralingue de fond., semble appartenir à l'Europe. Les Malais roulent leur voile, les
Chinois en ont fait une sorte. de jalousie;
12° usage presque exclusif de la godille, au lieu de l'aviron, et disposition
remarquable de la pelle par rapport au manche de la rame, employée de la sorte.
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Par son aspect général, le navire japonais semble un dérivé du radeau entouré d'un
rebord exhaussé peu à peu, tandis que nos constructions paraissent plutôt provenir
du tronc d'arbre creusé, puis exhaussé par des fargues et consolidé par une
membrure. Pour donner une idée des constructions japonaises, il convient d'en
concentrer les détails sur le plus grand navire du pays, qui, sous le nom de funé, fait le
grand cabotage et jauge environ 200 tonnes.
La plate-forme qui remplace la quille est en deux couches de planches unies par des
clous enfoncés obliquement ou à pointes retournées, et les bords sont serrés par de
nombreuses crampes. Les clous employés sont en fer, ils sont minces et plats ; leur
tête est très-large et plate; elle est enfoncée dans une cavité du bois et recouverte par
un romaillet sur lequel s'applique une petite plaque de cuivre, et la multiplicité de ces
plaques en fait une sorte d'ornement.
Des deux côtés de cette plate-forme-quille s'élèvent des bordages posés de can et.
relevés vers l'arrière, qui forment une auge de 0m,40 de profondeur ; à l'avant, ils se
rapprochent et s'accolent à l'étrave. Au-dessus, le navire s'évase, puis forme un angle
et s'élève jusqu'au-dessus de l'eau. Toute cette surface anguleuse est formée de deux
ou trois couches de bordages à extrémités taillées en sifflet et juxtaposées pour être
réunies par une quantité de longs clous et de crampes.
L'angle formant le genou n'a pour liaison que des clous, qui percent un faisceau de
bois formant une sorte de gros fagot compacte. Lorsque le bas du navire est terminé,
ou le remplit d'eau et on le carbonise à l'extérieur avant de construire les œuvres
mortes. On lui applique aussi un soufflage pour le préserver des vers, mais jamais on
n'emploie de doublage métallique.
Une telle coque ne tiendrait pas sans autre liaison transversale que les épontilles et
les barrots ; aussi ajoute-t-on deux rangées de baux : la plus haute, au niveau du plat-
bord, que surmonte une balustrade peu élevée ; la seconde, au niveau de l'angle
brusque formé par la carène ; les épontilles sont sur les côtés de l'auge. Il n'existe
aucune courbe de liaison. Le bau du grand mât est énorme : il a 0m,70 sur 0m, 50
pour un funé de 32 mètres sur 10m,35, et il est formé de deux pièces serrées par des
cercles en fer. Il est uni à deux fortes épontilles plates qui débordent la dunette et
embrassent le mat.
Le pont n'est calfaté que sur l'avant et ses bordages sont en travers vers le milieu et
sur l'arrière, des barrotins portent des planches volantes. Ces constructions sont très-
étanches et douées d'une élasticité remarquable : elles talonnent sur les bancs de
sable des barres sans en souffrir, comme le feraient nos navires à membrures. Cette
qualité en fera conserver l'usage, à cause de la nature des ports.
L'étrave, très-élancée, est souvent terminée par un rond peint eu noir et porte un
gros faubert en laine noire, qui pend presque jusqu'au niveau de l'eau; le bois est
presque toujours à nu et la peinture n'est usitée que pour des bateaux de luxe.
L'arrière est ouvert et présente une assez vaste chambre ; il est fortifié par une barre
d'arcasse très-grosse, servant d'appui au système de gouvernail et unie à une autre
barre inférieure et plus faible , au moyen de montants.
Le gouvernail et le tableau sont en partie garantis par des cloisons latérales qui se
rapprochent vers l'arrière et laissent entre elles une large rainure pour le passage du
gouvernail. La dunette sert d'habitation ; elle est très-élevée; on y fait la cuisine dans
une auge pleine de sable, et elle renferme deux petits cabestans pour la manœuvre
du gouvernail et de la voile.
Souvent le milieu du navire est exhaussé par une sorte de bâtisse ayant presque
l'aspect d'une maison et formée de montants et de traverses disposés comme un gros
grillage, servant d'appui à des planches ou même à des nattes placées en dedans et
qui contiennent la cargaison.
Cette addition parait varier suivant la nature des marchandises embarquées, et les
dessins en donnent une idée suffisante. Les peuples qui n'ont pas su travailler assez
bien les métaux pour établir le gouvernail de leurs navires sur des sortes de gonds,
ont employé des méthodes variées pour disposer cet appendice nécessaire à la
navigation ; et les dispositions des Japonais méritent d'être détaillées autant que
celles des Chinois et des Malais.
Leur gouvernail n'est, à bien dire, qu'un grand aviron en pièces d'assemblage,
soutenu seulement par le haut, où sa mèche ronde est serrée contre la barre
d'arcasse par une erse passé sous cette grosse traverse et raidie par l'un des petits
cabestans de la dunette. Une poulie, fixée à la traverse du safran du gouvernail, sert à
soutenir le poids de tout l'appareil au moyen d'un gros garant passé dans trois clans
de la barre d'arcasse.
La barre est très-longue et s'étend jusqu'au mât; sa mortaise dans la fusée est plus
longue qu'il ne faut pour que la barre ait du jeu dans le sens vertical, quand on largue
l'erse inférieure pour laisser aller le gouvernail, afin qu'il ne dépasse plus le fond du
navire lorsqu'on passe sur des petits fonds. Une disposition aussi imparfaite ne
saurait résister à la grosse mer, avec laquelle on est forcé d'abriter en partie le
gouvernail, en le hissant dans la chambre de l'arrière.
Le mât est un faisceau de madriers au centre et de planches en dehors, dont
l'ajustage est des plus imparfaits et présente une sorte de faisceau serré par des
cercles en fer et de nombreux coins en bois ; sa longueur est de 31m,50 ; il a 1m,18
d'équarrissage au pied, 0m,80 à 20 mètres de hauteur et 0m,60 à la tête, qui est
terminée par deux flasques portant entre elles une grosse poulie à quatre réas pour
les drisses.
Sur l'avant du mât est une pièce de bois dur, pour résister au frottement de la vergue ;
elle est serrée par le cerclage, qui parait faible pour tenir à lui seul toutes ces pièces
réunies.
Le poids d'un tel mât est d'environ 18,000 kilogr. Il n'est tenu que par les grandes
épontilles latérales dont il a été question et par la pression que l'étai lui fait exercer
contre le grand bau. Les étambrais dans lesquels nous enfilons nos nuits ne sont
usités dans aucune partie de l'Orient, dès qu'il ne s'agit plus de bateaux.
Les Chinois tiennent les mâts par des arcs-boutants placés entre eux pour les
comprimer contre les baux, et les Arabes prennent le bau entre le mât et une pièce
additionnelle, en serrant le tout avec des amarrages. Le mât, ainsi tenu par la base,
reste isolé, et l'on conçoit peu pourquoi il est ainsi livré à sa seule force, sur des
navires larges. et dont les baux percent la muraille de manière à donner des attaches
naturelles à des haubans. Aussi le mât fait-il entendre qu'il fatigue beaucoup au roulis.
Le mâtage d'une telle pièce est une manœuvre assez intéressante pour mériter
quelques détails. On s'y prépare en établissant des montants qui portent des rouleaux
à une assez grande hauteur au-dessus du pont, comme on peut le voir sur l'une des
planches de détails. Le mât est flotté jusqu'à l'arrière du funé, avec le gros bout en
avant.
Avec 20 hommes aux cabestans on hisse l'emplanture au-dessus de la dunette, et une
douzaine d'hommes suffisent pour le reste de l'opération, qui consiste alors à le hâler
vers l'avant sur les rouleaux de la barre d’arcasse et sur ceux établis vers l'avant. Le
mât se trouve alors horizontal et assez élevé. On le laisse dans cette position quand le
navire est désarmé, et il est couvert de nattes pour le conserver.
Pour le mâter, on le garnit de son étai, on démonte la partie supérieure de la dunette
et le gouvernail, on le repousse en arrière en le soutenant pour l'empêcher de
basculer, et on ne cesse que lorsque le pied a dépassé les grandes épontilles et est
descendu au fond en glissant entre elles.
Alors le pied est maintenu vers l'arrière, tandis que les guindeaux agissent sur l'étai de
manière à élever la tête jusqu'à ce que le mât soit vertical et reste ainsi maintenu par
son étai seul.
Au moyen des treuils à petit diamètre employés par les Japonais, 25 hommes
suffisent à cette opération. La vergue a 24 mètres de long et Om,60 de diamètre; elle
est d'une seule pièce de bois et très-mince vers les bouts.
La voile est composée de laizes de forte toile de coton, ayant chacune leurs ralingues
cousues comme celles du pourtour de nos voiles, mais laissant un passage au
transfilage qui unit une laize à l'autre pour former la voile. Chaque ralingue est
terminée vers le haut par un œil qui embrasse la vergue ; de sorte qu'il faut enfiler
successivement chaque ralingue et procéder ensuite au transfilage de toutes les
laizes, ce qui est très-long.
Les empointures tombent un peu et au milieu de la voile les laizes laissent entre elles
un intervalle assez large dont le transfilage est très-lâché. Vers le bas les ralingues
pendent et forment autant d'écoutes, qui se raidissent suivant la manière dont la
voile est orientée et s'amarrent sur une grosse corde garnie de sortes de pommes, qui
est attachée à des boucles en travers du pont.
Cette voile oriente très-mal ; elle fait un sac énorme, qui contraste avec la surface
plate des voiles à lattes des voisins de la Chine. Elle force à brasser la vergue presque
en pointe, ce qui a fait mettre des pommes de bois sur l'étai; elle est très-difficile à
amener et à ramasser en tas au pied du mât. Elle n'a ni bandes de ris, ni cargues ; ces
moyens de serrer en partie les voiles sans aller sur les vergues et d'en réduire
accidentellement la surface, paraissent d'invention européenne.
Les ancres sont remplacées par des grappins à branches plates et sans oreilles, qui
pèsent environ 200 kilogr. et que leur petitesse fait employer jusqu'au nombre de huit
à la fois. Il en a été de mène chez nous jusqu'à ce que l'art de forger de lourdes ancres
fût assez parfait. Les câbles étant trop gros pour être garnis au cabestan, on les vire au
moyen de cordes frappées dessus et reprises à mesure qu'elles viennent à bloc ; c'est
faire toujours marguerite, au lieu d'employer la tournevire.
La chaloupe est une longue plate relevée de l'avant ; elle est également sans
membrures ; ses godilles agissent sur des saillies latérales. Pour l'embarquer on la
place en travers sur le pont en avant du grand mât.
Pour appareiller, les funés prennent le câble de la dernière ancre en belle et
masquent les petites voiles de l'avant, dont il n'avait pas été parlé tant elles sont
insignifiantes. La grande voile n'est hissée, à grand peine, que lorsqu'elle peut porter.
Au plus près la vergue est brassée en pointe, les écoutes sont fréquemment
manœuvrées pour tâcher d'établir, mais la partie sous le
vent forme un grand sac et porte à peine.
De petit temps ces navires ne marchent pas mal, mais ils
dérivent beaucoup cependant on les voit louvoyer le long
de terre, mais jamais en virant vent devant. Les funés sont
dépourvus de qualités nautiques, et l'on dit que jadis leur
mode de construction et leur forme étaient imposés par le
gouvernement, pour empêcher la population de
communiquer avec des étrangers.
Mais ils trouvent dans l'élasticité de leur coque un avantage
précieux pour franchir les barres, notamment celle d'Osaka.
Ils talonnent sur le sable sans se coucher ni faire d'eau et
franchissent par bonds des fonds sur lesquels les navires
européens seraient bridés.
Leurs capitaines paraissent très-prudents, ils sont soumis à
des règles très-sévères et ils relâchent souvent pendant la
nuit. Ils connaissent la boussole et ont des cartes de leurs
côtes très passables, relevées et gravées dans le pays. Ce
serait une collection bien curieuse à posséder. Il faudrait
remonter très-haut dans notre histoire pour trouver des
navires aussi imparfaits que ceux des Japonais, et le voyage
de saint Paul s'appliquerait à un funé tant pour la
manœuvre que pour les aventures de navigation.
Il y a une assez grande variété de caboteurs et de bateaux
de pêche; mais ils sont tous construits d'après les mêmes
principes, et les dessins des planches de la Revue en
donnent une idée suffisante. Cependant il convient de
mentionner un genre particulier de navire qui n'appartient
qu'au Japon et que nous avons nommé galère, parce que
l'aviron est son principal moteur.
Ce navire, représenté à la voile avec ses avirons relevés sur
la droite de la planche qui est consacrée à en donner l'idée,
est toujours la propriété de la haute noblesse japonaise, et
il est spécialement consacré au transport et au
casernement des troupes appartenant aux Daïmios. Il
contient des garnisons mobiles assez considérables et
parait disposé pour l'abordage, mais il ne porte jamais
d'artillerie. Sa construction est la même que celle des
funés, sauf l'auge du fond, qui est supprimée.
La muraille est formée de longues planches bien
assujetties; elle est liée à la partie oblique du fond par de
longs clous rivés qui percent les deux pièces. Sur les côtés
sont des galeries portées en saillie de la muraille par les
bouts extérieurs des barrots et dans lesquelles on place les
hommes qui manient les godilles.
L'intérieur présente de vastes logements. qui, au nombre
de neuf, ont une surface totale de 273 mètres carrés et
peuvent contenir de 130 a 135 hommes. Le pont supérieur
est très-dégagé, il est bordé en travers et il a beaucoup de
bouge. It est entouré d'une balustrade assez basse. Le pont
couvert est formé de planchettes volantes, porté par des
barrotins et il existe en dehors de la muraille, dans les
galeries des godilles.
Le logement principal est très-propre et orné; l'arrière est
destiné aux soldats. L'espace en contre-bas du pont est
occupé par la cuisine, établie dans une caisse en bois pleine
de sable, et au fond sont des étagères et des casiers pour
les effets des hommes. Le volume de la cale, sans y
comprendre l'espace destiné aux câbles, est de 127 mètres
cubes.
Pour suppléer à l'impulsion des voiles, ces navires
emploient plus que tous les autres la godille japonaise,
préférée dans ces pays à l'aviron européen et disposée
d'une manière plus remarquable encore que celle des
Chinois.
Le manche et la pelle de cette godille font entre eux un
angle, au lieu d'être en ligne droite, comme avec l'aviron ;
de sorte qu'en tirant ou poussant la poignée à droite et à
gauche, la résistance de l'eau fait prendre à, la partie plate
extrême les angles favorables à l'action alternative de la
godille.
Afin que ce mouvement s'opère librement, le bas du
manche porte sur une tête de clou planté à l'arrière ou sur
la saillie des baux. Enfin pour résister à la tendance
qu'éprouve la pelle à s'enfoncer, une corde est attachée au
bout de la poignée et aussi bas que possible dans le bateau.
Sur les navires en question, les godilles passent entre les
baux extérieurs, et les hommes qui les poussent sont dans
les galeries latérales abritées par des rideaux sur lesquels
est peint le nom du grand seigneur propriétaire.
Le galère mesurée par M. Armand Paris avait 28 godilles en
quatre groupes, entre lesquels on pouvait en ajouter
quelques autres. En admettant que le travail d'un homme
équivaut à 1/10 de cheval, on a pour 28 godilles à 2
hommes une force de 5 chevaux et demi ; ce qui, avec la
surface du maître couple et notre manière de calculer
l'utilisation, donne une vitesse de 1m,60 par seconde ou
3,2 nœuds ; sous l'effort de toutes les godilles on arriverait
à 3n,6 et peut-titre à 4n,6 en développant une énergie
extrême.
Ces navires étaient soigneusement peints et ornés de
beaucoup de plaques en cuivre, et ils servaient aux Daïmios
à faire la police dans leurs États ou la guerre à leurs voisins.
Ils représentaient jadis une force militaire respectable et
d'un transport aussi facile que rapide dans la mer intérieure
ou dans les baies.
Leur voile portait le nom, c'est-à-dire le blason de leur
prince. Mais depuis que les grands seigneurs du Japon
achètent des navires à vapeur, ils tendent à disparaître et le
relevé exact de M. Paris aura l'avantage de les arracher à
l'oubli dans lequel tant de constructions maritimes sont
déjà tombées chez nous.
Il en est de même des autres genres de construction que
l'introduction des Européens fera peu à peu remplacer par
les nôtres. Aussi est-il de quelque utilité d'en avoir conservé
le souvenir par des relevés aussi exacts que ceux de M.
Armand Paris, qui ont été déposés au Musée de marine,
après avoir servi à construire des modèles plus exacts que
ceux exécutés dans le pays.
Cependant ce sont les Japonais qui font le mieux des
représentations à échelle réduite, tant pour l'exactitude
que pour le fini. Car ils travaillent le bois au moins aussi
bien que nous, avec leurs petits outils, que nous
dédaignerions.
Lorsqu'il y aura un nombre d'années suffisant pour que les
constructions japonaises deviennent un but de recherches
scientifique, comme celles de l'antiquité ou du moyen âge,
quelque chercheur se trouvera heureux de rencontrer dans
un volume de la Revue Maritime des détails entièrement
oubliés et devenus intéressants à proportion.
Aussi, pour compléter, convient-il de donner le tableau des
dimensions et des calculs établis par M. Armand Paris et
qui, dans un petit espace, renferment des documents
d'autant plus utiles qu'ils ont été recueillis avec autant de
précision que s'il s'était agi de constructions européennes
importantes.
Pâris,
Vice-amiral, conservateur du Musée de marine.