Les galères sont connues depuis la plus haute Antiquité. On
connaît des bateaux égyptiens au 12e siècle av. J.C., tout à fait
semblables aux galères romaines, longs et étroits avec un mât à voile
carrée, les extrémités relevées et effilées, deux gouvernails latéraux et
non pontés. Les flottes phéniciennes, grecques et romaines en étaient
équipées. C'était le navire-roi de la Méditerranée. Paradoxalement on
ne sait pas exactement comment elles étaient armées. Il est certain
qu'elles pouvaient avoir trois rangs de rameurs, mais des chroniqueurs
parlent de quatre ou cinq rangs de rameurs, voire jusqu'à dix rangs (1)
(à l'époque d'Antoine).
galère du 17e siècle
Dans son ouvrage, “La flotte de César”, Auguste Jal se posait la
question de savoir si les chroniqueurs de l'époque parlaient en fait de
rangs de rames ou de nombres de rameurs par rame ou par banc
(sansoser parler de leur imagination un peu débordante !). Déjà le fonctionnement de la trirème posait de telles questions que Napoléon III
demanda à l'architecte naval Dupuy de Lôme d'en construire une. Quatre rangs de rames et plus semblaient hautement improbables. Dès le
10esiècle av.JC, les galères seront munies de leur éperon caractéristique.
C'est aux environs du 7e siècle av. JC que l'on voit apparaître la birème puis la trière athénienne (trirème pour les romains). Les plus longues galères
de guerre connues atteindront 38 mètres de long, 6 mètres de large avec un creux de 1,50 mètre, mais les galères de parade pouvaient être
beaucoup plus grandes comme celle de Caligula au 1er siècle, qui atteignait 70 mètres de long pour 20 mètres de large, avec deux ponts. Leur
étroitesse les distinguera définitivement des bateaux ronds (appelés nefs à l'époque) qui regroupent tous les navires ne naviguant qu'à la voile.(Jal,
Bonnefoux, Mordal)
2.
Au Moyen Age, la galère est très utilisée en Méditerranée. Il y a
des galères armées en guerre (galères d'armée) et des galères armées
en marchandises. Longue, étroite, d'un faible tirant d'eau, avec deux
mâts à antennes, elle portait de l'artillerie à ses extrémités, et
marchait à la voile comme à l'aviron avec un rang de rameurs. Venise
dessine les plus belles galères qui seront destinées aussi bien à la
guerre qu'au transport des marchandises et des hommes. Les galères
du 16e siècle avec trois mâts gréés en voile latine, embarqueront
jusqu'à 200 rameurs. Les galères de l'Ordre de Malte se distinguaient
par leur taille plus large et leur construction plus solide. Elles avaient
deux voiles latines. L'Ordre pouvait aligner jusqu'à huit galères dans
les années 1684 à 1694. (Jal, Bonnefoux, Buisson)
galère réales (Gueroult du Pas)
3. On distinguait à cette époque, les galères ordinaires, dites
galères sensiles (à 50 bancs), des galères extraorinaires (à plus de 50
bancs comme la Réale ou la Patronne). La galère a donné plusieurs
dérivés : le brigantin, la frégate, la fuste, le buysse, la saitie, le pamphile, le dromon(Buisson, Anthiaume)
4.
Côté français, le corps des Galères, distinct de celui de la Marine, arme les galères de la flotte du Levant. Louis XIV armera jusqu'à 40 galères
de 47 mètres avec 26 bancs de chaque bord avec des avirons armés de 5 à 6 hommes. Le corps des Galères est supprimé en France en 1748, mais la
dernière galère française, “la Ferme” (2) ne sera condamnée qu'en 1814. Gênes conservera des galères jusqu'en 1830. La dernière galère turque
sera condamnée en 1927 ! On notera que les français appelaient demi-galères et quarts-de-galères, les galères de moindre taille. (Berna, Buisson)
galère turque du 17e siècle
5.
Bien que typiques de la Méditerranée, les galères ont essaimé jusqu'en Mer du Nord.
La marine anglaise avait des vaisseaux de 4e rang nommés galley frigates. Les Suédois en
construisirent en 1712, avant d'inventer un nouveau concept de bateaux de guerre à rames,
la frégate de l'Archipel, conçue par l'architecte Frédéric Henri Chapman en 1750. Pierre le
Grand se fit aussi construire par des hollandais des galères plus rondes en 1704. O
n retrouve des galères armées par les villes hollandaises dès le début du 17e siècle On
retrouvait autrefois des galères sur les fleuves français et, notamment sur la Seine. Ces
galères armées par des nobles, pouvaient servir de luxueuses embarcations de plaisance.
D’une manière plus prosaïque, Robert Chevet affirme que Bordeaux entretenait quelques
galères (dimensions moyennes : L : 32 m, B : 41 m, C : 6,17 m) du 13e puis au 16e siècle
pour la défense de l’estuaire, ces bâtiments étant évidemment beaucoup plus maniables
que les nefs.
6.
Il existait du 14e au 16e siècle des galères de commerce sur la côte atlantique. Labraque-Bordenave nous donne une description précise de la
galère ordinaire à Bordeaux (41 x 6.17 x 2.46 ( C) m). Il précise en outre la longueur de quille (39.48 m), l'élancement à la poupe (3.23m)et la quête
à la proue (4.74 m). Le franc-bord était de 97 cm. Il y avait 25 bancs de rameurs à 4 par rame, la scalme étant de 1.30 m. Les rames faisaient 11.69
m. A ces galères ordinaires succédèrent les réales de plus grandes dimensions. Ainsi à Bordeaux appelait-on au 17e les galères à 30 bancs de
rameurs (68,38 m) au lieu de 25 pour les galères dites "ordinaires" (39.48 m).
7.
L'usage des galères est abandonné en France depuis 1748.Le terme galère fut utilisé une dernière fois par la marine américaine lors de la
Guerre d'Indépendance pour des désigner des canonnières à rames, généralement non pontées, dont on n'a malheureusement pas gardé les
caractéristiques.
galère de Malte
notes
(1)
Les chroniqueurs nommaient les galères selon leurs nombres de
rangs (ou de rameurs par rame ?) unirème pour 1 rang, birème (ou
dicote chez les grecs) pour 2 rangs, trirème (trière chez les grecs) pour
3, quadrirème pou 4, quinquérème (ou penter) pour 5, hexère pour 6,
heptère pour 7, ennère pour 9, décère pour 10.
(2)
D'autres auteurs citent la "Patience" ex-"Duchesse", basée à
Toulon, qui participa à l'expédition d'Egypte.
dans les textes
- "Selon Marino Sanuto, au XIIe et au XIIIe siècle, on élevait au milieu
de chaque galère une tour carrée, de la largeur même du navire.
Voici, d'après un ordre de Charles Ier d'Anjou, quelles étaient les dimensions d'une galère en 1275 (5) : longueur maxima 39m50; hauteur de poupe
3m60; hauteur de proue 2m97; hauteur au centre 2m08; largeur maxima 3m70; largeur à la proue 1m70; largeur à la poupe 1m60.
Au XIVe et au XVe siècle, la galère de la Méditerranée était un navire long, étroit, peu élevé au-dessus de l'eau, et ayant les rames comme moteur
principal, quoiqu'à l'occasion elle pût naviguer avec une ou deux voiles latines ". (Anthiaume)
- "Galere, est une vaisseau long de bas bord de 24. à 30 bancs ou rames à cinq hommes chacune." (Dassié, 1677)- «Le navire de guerre le plus utilisé dans l'empire ottoman était la galère. La longueur hors-tout des galères ottomanes était de 42-43 mètres. Elles étaient étroites et rapides. Chaque galère avait trois voiles, deux abris, cinq ancres et 27 glènes de cordages.. A la fin du 15e siècle, chaque galère avait un gros canon, 4 canons (darbzen) et 8 canons (prangi). IL y avait sur les galères standards un espace dide entre les avirons qui était utilisé comme cuisine. Chaque aviron était tiré par 4 ou 5 hommes. L'équipage normal était de 328 hommes, dont 100 soldats, 196 (ou 245) rameurs et 20 matelots». (Idris Bostan).
Galère huissière
– Grande galère, ouverte à la poupe pour permettre l'embarquement des chevaux. Une porte permettait de sécuriser l'arrière. Les galères huissières de l'empereur de Constantinople, à la fin du 14e siècle, embarquaient quarante chevaux. (Jal)
Galère réale
– syn. réale, capitane ; general's galley (ang.). - La réale était la galère amiral du commandant en chef des galères français. Les autres nations préféraient parler de capitane. (Labraque-Bordenave)
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