La gabare est un type de bateau générique qui se caractérise par sa
destination : le chargement et le déchargement des navires dans le port, et par
les formes qui en découlent : larges, robustes et à faible tirant d'eau. Il s'agissait
donc d'une embarcation de charge à voile, construite en bois, encore en usage
au début du siècle en Iroise et à Bordeaux. La gabare standard était un bateau à
fond plat, pontée avec des panneaux. Son mât unique supporte une basse voile,
son tirant d'eau en charge ne dépasse pas huit pieds. (Bourdé)
2.
Dès le début du 14e siècle, la
Royale utilisait des gabares pouvant
atteindre 300 tx avec un tirant d'eau
faible et armées de canons. Plus tard, certaines gabares militaires de 500 tx à trois-mâts eurent un
armement de 20 canons (caronades de 18 et canons de 12 courts) pour un équipage complet de
98 hommes (88 en temps de paix). La Royale utilisait aussi des petites gabares à deux mâts, avec
gréement de galiote, pour le service des ports. Elles étaient alors souvent appelées gabarot.
(Buisson, Duron)
gabare militaire en 1840
3.
Il convient de mentionner à part, les gabares de Gironde qui assuraient avec les filadières et
les coureaux le trafic
entre le fleuve et la
mer. Cette utilisation fit évoluer la forme du navire pour qu'il
s'adapte aux conditions de navigation, ce qui le rend si
caractéristique. Ainsi, la quille est plus basse à l'avant qu'à
l'arrière.
De même, la voilure a évolué, d'une grande misaine aux 17e et
18e siècle vers l'adjonction d'une voile d'avant et d'un foc, le mât
étant implanté sur l'avant, penché plus ou moins sur l'arrière et
basculable pour passer sous les ponts (les dernières gabares
auront en fait un gréement de cotre). Les formes pointues des
extrémités firent place à des formes plates.
Cette photo des années 1920 montre trois gabares amarrées au
quai de Bourgogne à Bordeaux. Elles portent leurs voiles serrées
: foc sur l'étai frappé sur l'extrémité du bout-dehors et misaine
sur le mât. Le grand panneau de cale derrière le mât est fermé
avec des planches recouvertes d'un prélart. On trouve toujours la
barre franche, Quelques futailles sont parquées sur le quai. Leur
trafic, à cette époque, se limite aux nombreux petits ports aux vins de l'estuaire de la Gironde et il se fait entièrement à la voile.
(Buisson, PP17 p 7)
4.
La gabare du Dropt (affluent de la Dordogne) était une grande barque, à quille, plus arrondie et plus ventrue que le courau. Cles
dimensions types étaient les suivantes : longueur de 15 m à 20 m, tirant d'eau de 0,70 à 0,80 m (du fait de la quille), jusqu'à 25 tonnes à pleine
charge. Les plus grandes atteignaient 3.50 m de large au fond, 5,50 m de large aux bords, bords à 1,75 m au-dessus du fond. Dans les années 1880 -
1890, bien après l'âge d'or de la navigation du Drot, on ne comptait plus que 5 à 10 gabarres et 10 à 20 couraux en service.
5.
Les gabares charentaises, basées à Saint-Simon, se signalaient par leur pavois haut, un fond plat et deux mâts rabattables. Certaines
dans le Pertuis atteignaient 32 m de long et 6 m de large. Les dernières n'avaient qu'un mât gréé en sloop et étaient remorquées sur le fleuve. Celles
de Port d'Envaux naviguaient exclusivement sur les canaux charentais et possédaient une coque à fond plat construite à clins. En1467 à la Rochelle,
elles faisaient 20 à 30 tx. Grâce à leur fond plat, elles servaient d'allège aux gros vaisseaux. L'étrave est quasi verticale et les bordés l'y rejoignent, la
poupe carrée. Propulsées uniquement à la perche avec 3 hommes d'équipage. Il existait des gabares un peu plus grandes capables de faire du
fluvio-maritmes comme aller à Bordeaux par exemple.
(Boëll - les gabares de la Rance in CM10, 1984)
6.
Les gabares de l'Adour mesuraient de 15 à 17 m pour un port de 10 à 15 tx, selon JB Bailac (1827).
gabare de l’Adour à Bayonne
7.
Les gabares de la Rance (appelées encore véro) avaient un mât sur l'avant avec foc et taille-vent au tiers à chutes avant et arrière
parallèles et verticales. Elles ravitaillèrent jusqu'en 1945 les habitants de Saint-Malo en bois de chauffage.
8. Les gabares d'Iroise à deux mâts servaient à la fois au transport et à la pêche. Elles étaient souvent gréées en "dundee". Certaines sont
encore visibles, mais le moteur a remplacé la voile
3 Signalons enfin que la Marine Nationale attribue encore de nos jours le nom de gabare à des bâtiments de servitude poseurs de filets
ou de balises. En 1988, on distinguait même les gabares de mer des gabares de rade. Elles n'ont évidement plus la moindre voilure.
dans les textes- "Gabarres, sont des vaisseaux plats par dessous, & forts de bord, qui servent à la pesche & resistent à la mer. " (Dassié1677).gabare les Deux-Frèresgabare Heniette consrtuite par M. Hurmic à Langoiran
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